Ibiza cache bien son jeu.
Derrière l’image de destination festive mondiale se dissimulent des trésors naturels d’une beauté saisissante.
Ces criques sauvages d’Ibiza offrent un contraste radical avec l’agitation des clubs et des plages bondées.
Nichées entre les falaises de grès rouge et accessibles uniquement par des sentiers escarpés, elles révèlent le visage authentique de cette île des Baléares.
La côte ibicenque s’étend sur plus de 200 kilomètres et recèle des dizaines de calas préservées du tourisme de masse. Ces petites baies aux eaux cristallines constituent le patrimoine naturel le plus précieux de l’île, protégé par leur isolement géographique et parfois par des réglementations strictes.
Cala d’Hort : le sanctuaire face à Es Vedrà
Cala d’Hort mérite sa réputation de plus belle crique d’Ibiza. Située sur la côte sud-ouest, cette plage de galets fins fait face au mythique rocher d’Es Vedrà, îlot calcaire de 382 mètres de hauteur qui émerge des flots turquoise.
L’accès se fait par une route sinueuse depuis Sant Josep de sa Talaia, puis par un sentier de 15 minutes à travers la garrigue méditerranéenne. Les Posidonia oceanica tapissent les fonds marins et maintiennent une transparence de l’eau remarquable, avec une visibilité pouvant atteindre 30 mètres par temps calme.
Trois restaurants familiaux proposent une cuisine locale authentique, notamment le Es Boldado, perché sur la falaise avec une vue panoramique sur Es Vedrà. La crique reste sauvage malgré cette infrastructure minimale, car l’accès en voiture demeure compliqué et dissuade les foules.
Cala Conta : l’aquarium naturel aux couchers de soleil légendaires
La Cala Conta, appelée Platges de Comte, se compose en réalité de trois criques distinctes séparées par des promontoires rocheux. Cette configuration unique crée des ambiances différentes selon les heures et les saisons. La crique principale s’étend sur 200 mètres de sable blanc immaculé, tandis que les deux autres offrent plus d’intimité.
Les fonds sablonneux peu profonds réchauffent rapidement l’eau, atteignant 26°C en été. Cette particularité attire une faune marine diversifiée : saupes, girelles, poulpes et parfois des raies pastenagues. Les couchers de soleil de Cala Conta figurent parmi les plus photographiés d’Ibiza, avec le soleil qui plonge directement dans la mer entre les îlots de s’Espartar et de sa Conillera.
L’accès routier facilite la fréquentation, mais la crique conserve son caractère sauvage grâce à l’absence de constructions importantes sur le littoral. Seuls quelques chiringuitos proposent des rafraîchissements, respectant l’architecture traditionnelle ibicenque.
Cala Salada et Cala Saladeta : les jumelles secrètes du nord
Cala Salada et sa petite sœur Cala Saladeta forment un duo exceptionnel sur la côte nord-ouest d’Ibiza. Séparées par un promontoire de 50 mètres, ces deux criques offrent des expériences complémentaires. Cala Salada, plus grande, dispose d’un sable doré fin et d’eaux peu profondes idéales pour les familles.
Cala Saladeta, accessible par un sentier côtier de 10 minutes, reste plus confidentielle. Cette petite crique de 80 mètres de long se niche au pied de falaises couvertes de pins d’Alep centenaires. L’ombre naturelle qu’ils procurent en fait un refuge apprécié pendant les heures les plus chaudes.
Les deux criques bénéficient d’une protection naturelle contre les vents dominants, créant des conditions de baignade optimales même par mer agitée. La plongée avec masque et tuba y révèle des grottes sous-marines et des formations rocheuses colonisées par des éponges multicolores.
Accès et recommandations pratiques
- Parking limité : arriver avant 10h en haute saison
- Sentier pierreux : prévoir des chaussures fermées
- Pas de services : apporter eau et nourriture
- Meilleure période : mai à octobre pour la baignade
Cala Xarraca : le joyau préservé du nord
Dans la partie la plus septentrionale d’Ibiza, Cala Xarraca demeure l’une des criques les plus sauvages de l’île. Cette baie de 150 mètres de large se caractérise par ses eaux d’un bleu profond et ses falaises de grès rouge qui contrastent avec la végétation luxuriante.
La crique tire son nom du terme arabe « xarraca » signifiant « lieu rocheux », référence aux formations géologiques spectaculaires qui l’entourent. Des sources d’eau douce sous-marines maintiennent une température légèrement plus fraîche et une richesse minérale qui favorise le développement d’algues aux propriétés thérapeutiques reconnues.
L’isolement relatif de Cala Xarraca en fait un sanctuaire pour la faune marine. Les mérous, espèce protégée en Méditerranée, y trouvent refuge dans les anfractuosités rocheuses. Les plongeurs expérimentés peuvent explorer les grottes semi-immergées qui percent la base des falaises.
Cala Benirrás : la crique des tambours et des hippies
Cala Benirrás occupe une place particulière dans l’imaginaire ibicenque. Cette crique du nord-ouest accueille depuis les années 1960 des rassemblements spontanés de percussionnistes qui célèbrent le coucher du soleil chaque dimanche. Cette tradition, née de la communauté hippie installée sur l’île, perdure aujourd’hui.
La plage de galets gris s’étend sur 200 mètres, encadrée par des falaises couvertes de pins parasols. Un îlot rocheux baptisé « le Doigt de Dieu » émerge à quelques mètres du rivage, créant un paysage unique. Les couchers de soleil de Benirrás rivalisent avec ceux de Cala Conta par leur intensité chromatique.
La partie orientale de la crique, moins fréquentée, offre plus de tranquillité. Les amateurs de naturisme y trouvent des espaces discrets, pratique tolérée dans cette zone depuis des décennies. La qualité des eaux, régulièrement contrôlée, obtient systématiquement la certification « Pavillon Bleu ».
Cala Mastella : l’authenticité préservée
Sur la côte est d’Ibiza, Cala Mastella représente l’essence même de la crique sauvage méditerranéenne. Cette petite baie de 100 mètres de long se cache au fond d’une calanque profonde, protégée des regards par une végétation dense de chênes verts et de lentisques.
L’unique restaurant de la crique, tenu par la même famille depuis trois générations, propose exclusivement du poisson grillé et de la bullit de peix, spécialité locale à base de poissons de roche. Cette authenticité culinaire attire les connaisseurs qui n’hésitent pas à réserver plusieurs jours à l’avance.
Les eaux peu profondes de Cala Mastella abritent des herbiers de Posidonia particulièrement denses, créant un écosystème d’une richesse exceptionnelle. Cette « prairie sous-marine » produit l’oxygène nécessaire à la vie aquatique et maintient la clarté de l’eau à un niveau optimal.
Biodiversité marine remarquable
| Espèces observées | Période optimale | Profondeur |
|---|---|---|
| Saupes dorées | Avril à octobre | 2-8 mètres |
| Poulpes communs | Toute l’année | 3-15 mètres |
| Girelles paon | Mai à septembre | 1-5 mètres |
Cala Llentrisca : le secret le mieux gardé
Cala Llentrisca mérite son statut de crique la plus secrète d’Ibiza. Accessible uniquement par un sentier de randonnée de 45 minutes depuis Es Cubells, cette baie minuscule de 50 mètres récompense les marcheurs courageux par sa beauté brute.
Les falaises calcaires de 80 mètres de hauteur créent un amphithéâtre naturel d’une acoustique remarquable. Le moindre bruit se répercute, créant une atmosphère de recueillement unique. L’absence totale d’aménagement préserve le caractère primitif du lieu.
La crique tire son nom du lentisque (Pistacia lentiscus), arbuste méditerranéen qui colonise les pentes rocheuses environnantes. Cette végétation résistante à la sécheresse et aux embruns salés forme un maquis dense qui abrite une faune terrestre diversifiée, notamment des lézards endémiques des Baléares.
Conseils pratiques pour explorer les criques sauvages
La découverte des criques sauvages d’Ibiza demande une préparation minutieuse. Les accès difficiles et l’absence d’infrastructures nécessitent d’anticiper plusieurs aspects pratiques pour profiter pleinement de ces trésors naturels.
L’équipement recommandé comprend des chaussures de randonnée, un chapeau, de la crème solaire biodégradable, suffisamment d’eau et des en-cas. Un masque et un tuba permettent d’explorer les fonds marins exceptionnels de ces criques préservées.
Le respect de l’environnement s’impose dans ces espaces fragiles. Le principe du « Leave No Trace » guide la visite : ne laisser aucun déchet, ne pas cueillir la végétation, éviter de déranger la faune marine. Ces gestes simples garantissent la préservation de ces écrins naturels pour les générations futures.
Les meilleures périodes pour visiter ces criques s’étendent de mai à octobre pour la baignade, et d’avril à juin puis de septembre à novembre pour la randonnée. Les mois de juillet et août, bien que propices à la baignade, voient affluer plus de visiteurs même dans les criques les plus reculées.



